Un vendredi soir au pub [Maureen]

Une dizaine de jeunes en difficultés avait franchi le portail du Ranch du Nouveau Départ, en ce premier Vendredi du mois de Juillet. Une dizaine de jeunes qui n’avaient pas envie d’être là, ou bien qui était un peu écœuré de se trouver vraiment dans un Ranch au milieu du nulle part ou encore un peu trop en manque pour pouvoir parler. Une dizaine, et une autre dizaine devait débarquer dans le courant de la semaine suivante.
Maureen aimait son travail, elle était contente de pouvoir aider ces jeunes, même si elle savait pertinemment qu’un bon quart retomberait dans les embrouilles quelques semaines après le programme. Elle était heureuse de savoir qu’une partie prendrait un autre chemin, recommencerait une nouvelle vie... Et lui dirait merci.

Mais ce soir, Maureen n’avait pas le cœur à ça. En début de matinée, elle avait eu un coup de fil du maire adjoint qui lui avait parler des aides qu’elle risquait de perdre, un peu plus tard dans l’après-midi, elle avait rencontrée Bevin Hills, qui lui avait encore rabâcher que son Ranch n’était qu’une source de problème pour la ville, et ce soir, un premier jeune avait commencer à faire des siennes. Aujourd’hui, ce n’était pas un bon jour, mais mise à part tout les petits tracas de la journée... Aujourd’hui, ce n’était pas un bon jour...
Il y a de cela 12 ans, elle perdait ses parents et sa vie était chamboulée à tout jamais. Et comme toujours depuis qu’elle était majeure, Maureen noyait son chagrin dans l’alcool. Il n’y avait que 3 jours dans l’année où elle s’autorisait à boire un verre, voir plus tout dépendait de son moral. 3 dates : la mort de ses parents, la mort de son frère et le jour où elle avait quitté New Carby car elle avait quitté par la même son meilleur ami. Habituellement, elle buvait chez elle, tranquillement, mais là, le Ranch était occupé. Elle n’allait pas boire devant des jeunes qui essayaient de s’en sortir...

Alors elle prit le 4x4, par cette chaude nuit de Juillet et alla jusqu’à New Carby, jusqu’à son pub. Habituellement elle évitait de venir ici, à New Carby, le soir, surtout le vendredi soir, ça grouillait de monde, la Grand Place était très animée et le Pub également. Et ça, ce n’était pas pour plaire à Maureen, qui avait peur de tomber sur un habitant mécontent... Et devoir se coltiner encore une fois, un discours réprobateur sur le Ranch qui apporterait des problèmes à la ville, et blablabla, et blablabla.... Mais ce soir, elle n’avait pas réfléchi à ça. Elle n’avait même pas réfléchi à sa tenue non plus.


Elle entra dans le Pub, vêtue de son tailleur/Jupe dans les tons aubergine, ce qui jurait un peu avec le décor. Elle du s’habituée au fond sonore, les habitués bruyants et le Juke-box qui ne semblait marché pour personne. Elle fit également une grimace tendis que la fumée qui envahissait la pièce, lui irritait la gorge. Après une dizaine de secondes d’adaptation, elle entra franchement dans le Pub et alla s’asseoir à une table, loin des habitués bruyants et du Juke-box.
Et elle attendit qu’on vienne prendre sa commande. Elle attendit en réfléchissant à ce qu’elle allait commander.

*Gin, Vodka, Tequila... ou pourquoi pas un Whisky ? Je ne sais même pas ce qui pourrait me saouler le plus vite... Et puis qu’est-ce que je fais là d’ailleurs... Je ferais mieux de partir....*

Maureen allait s’en aller, ça valait mieux, mais au moment où elle mettait les mains sur la table pour se lever, quelqu’un se planta devant elle. Elle regarda par terre, considéra les santiags, puis regarda le jean usé, puis le chiffon tout crade attaché à la ceinture, elle leva les yeux sur le t-shirt sombre et allait regarder enfin son interlocuteur quand elle reconnue tout de suite la voix de Roscoe Hills. SA voix et la façon de parler était agaçante aux oreilles de Maureen.

*La new-yorkaise ! Ca va faire plus de deux ans que je suis rentrée, faudrait peut-être qu’il passe à autre chose. Et qu’est ce qu’il insinue avec sa carte raffiné, il croit que j’ai des tonnes de fric. Je me demande comment Jason peut être pote avec ce mec ! Je me demande comment j'ai pu être attiré par ce mec! *

Elle pensait tellement de choses, elle aurait voulu dire tellement de choses... Mais elle n’avait pas de répartie, Maureen n’aimait pas l’affrontement, elle préférait se taire... Mais il est vrai que son petit exil à NY lui avait fait du bien de ce côté-là, elle était un peu moins passive quand quelqu’un l’intimidait ou tentait d’entamer une joute verbale avec elle. Mais là, elle n’avait pas la force de répondre quoi que ce soit, ce n’était pas son jour. Et puis de toute manière, pourquoi répondre à ce genre de réflexion, comme lui disait sa mère : Le préjugé est enfant de l'ignorance. Et là, elle avait devant elle un ignorant de première ! Savait-il ce qu’elle avait endurée avant son départ à New York, savait-il pourquoi elle aidait ses jeunes, savait-il qu’elle jour on était et ce que ça représentait pour Maureen ! Trop abattue par cette fichue journée, elle renonça à partir, et renonça à répondre à Roscoe. Soudain le serveur à l’odeur de tabac devint sérieux, les yeux de Roscoe étaient plantés dans les siens, durant quelques secondes, elle fut troublée par ce contact persan, puis elle reprit ses esprit quand ajouta :

Roscoe T. Hills a écrit:

- J’te préviens tout de suite que si ta clique de barjos débarque et qu’il y a du grabuge, ça va mal aller. Roy et ses potes doivent passer ce soir.

Là, l’esprit de Maureen fit comme des étincelles, son esprit bouillonna, elle était énervée et ce n’était vraiment pas le moment de la faire suer avec ce genre de réflexions,elle hésita un moment comme si quelque chose la etenait, puis lacha tout d'un coup:

- Pour ta gouverne, sache que ma clique de barjos comme tu dis, n’a jamais été la première à mettre le souk ici, il y a toujours eut un poivrot qui a chercher la petite bête. Alors si mes délinquants viennent par ici, tu devrais surveiller Roy et tous les autres alcoolos du Pub avant de rejeter la faute sur les mauvaises personnes. Et puis tu peux dire tout ce que tu veux, c’est grâce à ces barjots, comme tu dis que ton patron fait recette. C’est mes délinquants qui te permettre d’avoir un salaire décent, donc va te faire...

Elle renonça à l’envie de devenir vulgaire.... Non, ça aurait été comme entrer dans son jeu, et elle ne voulait pas que cette joute verbale s’éternise. Elle avait le cœur qui battait fort et bizarrement elle avait envie de rire, ce devait être nerveux. Elle reprit donc un peu plus sereinement :

- Et ce sera une Vodka, merci !

Elle avait observé le serveur s’en aller au bar, aller lui chercher son verre. Un instant, elle regarda l’arrière train de Roscoe et se souvint du jour où elle avait dit à Jason qu’elle le trouvait craquant. Elle détourna le regard presque immédiatement. Les temps avaient bien changé. Certes son côté mal fagoté, mal rasé, ses yeux d’une couleur si particulière donnait à Roscoe un certain charme qui n’échappait pas à Maureen. Mais il était devenu si arrogant, si désagréable envers elle... Et puis Jason n’était plus là. Les choses avaient changées et elle en avait un nœud dans l’estomac. Quand il revint à sa table, un verre à la main, avec son sourire moqueur et son air suffisant, elle aurait voulu qu’il se casse la figure devant elle, mais malheureusement elle n’avait aucun don de télékinésie. Il assena à Maureen une autre remarque dont il avait le secret.

*Bah vas-y continue comme ça ! Le pauvre petit Roscoe n’est pas capable de faire le service à une femme avec moins de 3 grammes dans le sang. Ah laisse tomber Maureen, saoule-toi, demain tu t’en souviendras plus de ce mec*

Après lui avoir posé le verre, avec tout sauf de la délicatesse, sur la table, il ajouta une réplique des plus cinglante qui heurta de plein fouet la jeune ex-newyorkaise.

- Premièrement je ne suis ni ta jolie, ni ta princesse. Deuxièmement si tu te permets de les appeler mes barjots j’ai le droit de les appeler tes alcoolos ! J’ai jamais dit qu’il n’avait pas le droit d’être ici, et puis de toute façon ce n’est pas toi qui fait la loi ici, c’est ton bar ? Je n’ai pas de conseils à recevoir de toi!

Elle essaya de reprendre son souffle, tremblante était comme enivrée par la situation, avant même d’avoir bu son verre. Après avoir repris un peu d’air elle continua.

- La quiétude, ici à New Carby. T’es vraiment né ici toi ? Y’a jamais eu de vie paisible à New Carby. J’y ai grandis tout comme toi, et bien avant que je débarque avec mes jeunes, y’avait du bordel par ici. Pourquoi avant que je parte, ils agrandissaient le Poste de Police, pour faire joli peut-être ? Je n’ai jamais voulu embêter qui que ce soit, j’ai juste voulu aider des jeunes à pas finir comme mon frère, mais ça c’est trop compliquer à comprendre pour des gens comme toi. Je n’ai pas fait une croix sur cette ville Roscoe, j’ai juste changé d’air parce que j’avais plus de famille....
De plus en plus hors d’elle, elle vida le verre de vodka d’une traite. Elle sentit le liquide lui bruler la gorge et elle le senti descendre jusque dans son estomac. Elle n’aurait peut être pas du faire ça, mais c’est la seule chose qui lui sembla bonne à faire, au lieu de répondre à l’énergumène qui se tenait devant elle.

- La même chose !

Dit-elle en lui tendant son verre. Elle avait déjà quelques sensations étranges liées au breuvage qu’elle venait de boire cul sec. Elle regarda Roscoe avec défi, la petite New Yorkaise n’avait plus envie de se laisser faire.

Peu habituée à boire de l’alcool, le simple verre de vodka qu’elle avait ingurgité faisait de plus en plus d’effet. Au moment où Roscoe se planta de nouveau à côté d’elle, après lui avoir apporté un autre verre et la bouteille par la même occasion, elle sursauta alors qu’il recommença à parler.
Elle prit le verre qu’il avait posé sur la table et le bu plus doucement cette fois-ci, tout en écoutant le serveur lui parler de sa culpabilité. Elle avait du mal à rester calme alors qu’il lui parlait de son frère. Un psy, elle en avait consulté un à New York, quand des insomnies lui avaient dérobés son sommeil. Il ‘avait aidé à dompter ses cauchemars qui lui empoisonnait la vie et c’était grâce à son aide également qu’elle avait trouvé sa voie : aider les autres...
Elle avait terminé son deuxième verre de Vodka qu’elle reposa sur la table et elle se sentait comme dans du coton. L’ivresse s’installait en elle à mesure qu’elle digérait l’alcool qu’elle avait avalé.
Quand Roscoe se tut quelques instants, elle le regarda, malgré le bien-être que lui procurait l’alcool, elle était toujours énervée contre lui, elle allait lui répondre quand Roscoe lui posa une question qui semblait le mettre hors de lui :

Roscoe a écrit:

- Si tu es partie parce que tu n’as plus de famille, pourquoi tu es revenue ? Pour Jason ?

Ce gars la rendait très nerveuse, qu’est ce qu’il avait à lui poser ce genre de question. Elle avait envie de laisser tomber, de ne plus rien lui répondre, mais l’alcool avait comme effacer certaines inhibitions chez Maureen et elle se fit un plaisir de lui rétorquer :

- Mais sur quelle planète tu vis ! Les cancans de New Carby n’ont pas filtré jusqu’à tes oreilles. On m’a confié un Ranch, on m’a fait confiance, je devais rester. C’est là que j’ai eu l’idée de m’occuper des jeunes. Ca n’a rien à voir avec la culpabilité. Je ne me sens pas coupable de la mort de mon frère, c’est l’alcool qui a fait une bonne part du boulot dans cette affaire, l’alcool et des loosers qui l’ont entrainé vers le fond. J’étais qu’une gosse, j’ai fais ce que j’ai pu pour l’aider. Tu me juges.... Vous me juger tous dans cette ville mais vous essayer même pas de comprendre ce que je fais....

Maureen en avait marre de cette dispute qui n’avait pas lieu d’être. Elle était venue boire un coup en souvenir de ses parents et cet abruti de serveur avait commencé à lui pourrir la soirée. Elle ne le comprenait pas. Soudain, elle sentit une irrésistible envie de pleurer l’envahir mais fit tout son possible pour retenir ses larmes.

- Je ne suis pas revenue pour Jason, pauvre idiot ! J’étais contente de pouvoir le revoir mais je e suis pas revenue pour lui. Et puis qu’est ce que ça aurait changé. Ca fait deux ans que je suis là et on s’évite plus qu’autre chose. T’inquiète pas, je ne vais pas te le piquer ton pote !

Un regain d’énergie, de colère et de tristesse lui donna la force de se lever. Mais elle se leva peut-être un peu trop vite, sa tête lui tournait. Elle s’accrocha instinctivement au bras de Roscoe, sans même y faire attention, et attendit que ça se passe. Puis elle mit la main sur la bouteille qu’il tenait :

- Tu vas me laisser cette bouteille, tu vas retourner voir tes clients et tu vas me laisser me saouler pour oublier qu’il y a 12 ans exactement je perdais mes parents !

Elle garda la main sur la bouteille, debout, plantée devant lui, attendant qu’il la lâche.

Maureen n’avait toujours pas lâchée la bouteille, même quand il essaya de la raison sur le bienfondé de sa beuverie. Quelque part il avait raison, elle n’avait pas fait le deuil de ses parents. C’était facile à dire pour lui, il avait une belle-mère qui pouvait servir de point de repère, Maureen elle avait tout perdu. Elle se demandait comme lui faisait pour ne pas être toujours affecté par la mort de son père. Mais elle n’aurait pas osé lui demander. Il la détestait, c’était clair, alors pourquoi essayer d’en savoir plus.

Quand il se proposa de boire avec elle, elle fut abasourdit par ce revirement de situation. Il lui arracha la bouteille des mains et elle se laissa retomber sur le canapé. Elle le vit servir deux verres de vodka, puis il le but comme s’il s’agissait d’eau. Elle était un peu jalouse de le voir boire ainsi sans que ça le n’affecte... Assis en face d’elle, il avait levé son verre avant de l’avaler d’une traite... A quoi il jouait...
En parlant de démons, il parlait de la mort de son père ? Difficile de savoir avec lui. Mais le fait qu’il s’invite à sa table ne la réjouissait pas plus que ça. Elle aimait boire seule, en faites elle avait honte de ce petit rituelle qu’elle s’imposait 3 jours par an, mais les vieilles habitudes avaient la vie dure. Bizarrement, toute sa nervosité avait disparu au moment où il avait pris place en face d’elle. Elle était agacée par l’habitude de Roscoe, mais elle avait évacué le semblant de colère qui la faisait trembler quelques minutes plus tôt. L’alcool avait sans aucun doute un rapport avec cet état.

Sa vue était un peu brouillée, elle avait une irrésistible envie de dormir, mais elle prit son verre et bu à son tour. Le liquide lui donna une nouvelle fois un coup de fouet et passa un peu plus facilement dans sa gorge, en faites, elle ne sentait plus rien. Mais quand il lui expliqua que ce n’était qu’une trêve, elle en fut déçue. Maureen n’avait pas spécialement confiance en elle et en la vie. Elle ne voulait qu’une seule chose, être aimée, apprécié par les gens. Et le fait que Roscoe lui dise que le lendemain, elle redeviendrait une chieuse à ses yeux, ça la vexa plus qu’autre chose. Elle posa son verre avec fracas, manquant de le casser, leva les yeux vers lui en fronçant les sourcils et lui demanda :

-Pourquoi tu me détestes ? Qu’est ce que je t’ai fais à toi ? Hein ? J’ai toujours été gentille, je ne vois pas ce que tu me reproches. A peine revenue, avant même que je commence avec mon Ranch, tu m’avais déjà dans le collimateur. J’aimerais comprendre Roscoe ?

Elle posa les mains sous son menton, regardant Roscoe avec un air réprobateur. Attendant qu’il lui explique son comportement déplaisant.

Roscoe avait le don de la mettre hors d’elle. Son petit côté je m’en-foutiste l’agaçait au plus haut point. Elle n’avait pas l’alcool mauvais comme il avait pu le faire remarquer, c’était naturelle chez elle de ne pas apprécier les gens qui ne l’appréciait pas. Cette situation était des plus en plus frustrante pour Maureen, car malgré tout ses efforts pour essayer de lui envoyer des pics, elle n’y arrivait pas. Elle n’avait pas l’âme d’une méchante... Peut-être qu’un autre verre lui donnerais plus de liberté... A moins que cela ne la fasse vomir...

Roscoe se prenait pour le garde du corps de Jason où quoi ? Maureen n’avait pas l’intention de lui faire du mal, pourquoi était il aussi sur la défensive. Tout d’un coup, tout s’éclaira dans la tête de Maureen.

* Il a vraiment peur que je lui pique Jason, c’est dingue ça !*

Elle n’en revenait pas, mais elle ne dit rien. Après tout, c’est vrai que Jason était le plus génial des meilleurs amis. Elle en savait quelque chose, après tant de temps passé ensemble.... Mais quand Roscoe rajouta que selon Jason, le retour de Maureen l’indifférait, elle en eu le souffle coupé. Il était tellement méchant avec elle. Elle sentit les larmes monter mais fit encore une fois tout son possible pour ne pas le montrer. Ne pas montrer ce qu’elle ressentait, elle savait tellement bien le faire. Depuis toujours elle jouait à cacher ses sentiments afin de paraitre forte et paisible et gentille et .... Oh et puis elle en avait assez de tout ça. Elle regarda Roscoe avec des flammes dans les yeux, se servi un verre et le bu cul sec. Elle allait enfin ouvrir sa bouche et lui cracher toute sa colère à la figure quand il ajouta :

Citation :

- Et pour ton information ma cocotte, je ne te déteste pas. J’ai juste du mal avec ton côté prêcheuse de paix et d’amour qui souhaites sauver le monde de la damnation. En gros, ton côté sainte-nitouche me gave. Mais grave !

Il ne la détestait pas, alors pourquoi lui avoir lancé de telles vacheries à la figure. Elle était avachie sur la table, tenant toujours son verre d’une main et la bouteille de l’autre. Elle se versa un verre, reposa lentement la bouteille et regarda Roscoe. A ce moment très précis, elle n’avait plus rien à perdre, de plus l’alcool l’avait complètement shooté, plus rien de ce qu’elle disait ou faisait n’était sous contrôle.

- Jason était mon ami bien avant de te connaitre, et je le connais bien. Tu peux dire tout ce que tu voudras, je sais ce que je ressens pour lui et je sais ce qu’il ressent pour moi. Il te fait peut-être croire des choses, mais la lettre qu’il m’a envoyée un jour à New York est bien plus parlante pour moi que toutes les vacheries que tu pourrais me balancer. Parle autant que tu veux, je m’en fous.

Elle prit son verre à la main et allait le boire, mais quand elle croisa le regard arrogant de Roscoe, elle ne pu s’empêcher de lui jeter le verre à la figure. Elle se leva avec beaucoup de mal, reposa le verre et conclu en lui disant :

- La trêve est finie ! Ouais je souhaite sauver le monde .... Et alors, ça te gêne ! Moi au moins j’ai fais quelque chose de ma vie !

Elle allait s’en aller, sans même un regard pour Roscoe quand elle sentit ses jambes se dérober sous elle. Elle vit le bord de la table se rapprocher dangereusement de sa tête et ensuite une violente douleur lui électrisa le front, avant qu’elle ne tombe par terre, semi-consciente.

Toujours allongée au sol, elle avait passé la main à la racine de ses cheveux, et avait senti quelque chose d’humide... Le regard un peu brouillée, elle avait regardé sa main et y avait vu du sang. Elle entendait Roscoe lui hurler des paroles qui pour elle n’avait aucun sens. Elle n’était pas paumé, qu’est ce qu’il racontait, il parlait de lui à travers elle ou quoi ? Elle vit enfin le visage furieux de Roscoe, qui la regardait et à ce moment précis, elle eu peur de lui. Pourquoi était-il aussi énervé, c’est lui qui avait commencé dès son entrée dans le Pub. Elle passa de nouveau sa main sur sa tête, la blessure devait être superficiel, ça ne saignait presque plus, enfin c’est ce qu’elle croyait. Ces cheveux blonds avaient pris sur le côté droit de sa tête, une couleur rougeâtre.

Soudain elle vit Roscoe se pencher sur elle, elle sentit l’odeur de la vodka qui imprégnait ses vêtements. Puis sans grande délicatesse il la souleva de terre, ce qui lui provoqua une vive douleur à la tempe droite. La serveuse qui accompagnait Roscoe croisa le regard de Maureen, et elle sentit comme de la compassion, ce qui rassura un peu la jeune femme. Puis ils sortirent enfin du brouhaha du Pub, l’air frais permis à Maureen de reprendre un peu plus ses esprits.

Toujours sans une once de délicatesse, il laissa choir le corps de Maureen sur le capot. Humilié par la façon dont il la traitait, les larmes qu’elle avait retenues durant toute la soirée commencèrent à couler. Silencieusement. Mais le silence fut levé quand dans la nuit fraiche, au milieu du parking, au milieu de la Grand Place, Roscoe hurla :

Citation :

- Tu n’en loupes vraiment pas une Morgan. Tu vois que tu fous ta merde ! T’es comme tes gosses ! Passes-moi tes clés, j’te reconduit chez toi. Et j’te déconseille de me chercher à nouveau ou j’te plante dans le désert !

*Viens les chercher toi-même salopard* Pensa Maureen, mais elle se garda bien de lui répondre ça. Elle était effrayée par Roscoe, elle ne le reconnaissait plus, soudain son esprit sembla partir ailleurs, prise d’un vertige, elle s’endormi presque.

- Pourquoi t’es aussi furax, j’ai égratigné le grand garçon que tu es ! Et voila que tu veux me laisser dans le désert, très bien, comme ça je me ferais bouffer par un coyote, ou alors on retrouvera mon corps en plein milieu des plaines avec des marques bizarre sur le torse, comme ton père...

Elle avait murmuré ses mots, toujours avachie sur le capot du 4x4. Elle avait parlé du père de Roscoe parce qu’elle c’était souvenue d’une chose que Roscoe ne savait pas. Elle avait été sur place quand on avait retrouvé le corps de Tyler Hills. Lan et elle c’était organisé une petite expédition alors que Maureen venait tout juste de rentrée de New York. Il avait été surpris par un orage et avait du trouver un abri de fortune. Au petit matin, alors qu’ils rentraient au Ranch, c’est là que Lan découvrit le corps de Monsieur Hills. Il avait demandé à Maureen de ne surtout pas regarder la scène, mais sa curiosité avait primé et cette image fut très difficile à enlevée de la tête de Maureen.

Elle sortie très vite de sa léthargie quand elle sentit une étrange vibration sur le capot de son 4x4. Roscoe, plus en pétard que jamais avait défoncé l’avant de sa voiture avec son poing. Elle sursauta quand elle l’entendit hurler sa colère et elle était encore plus horrifiée que précédemment. Elle comprit qu’elle avait parlé de son père, même si à vrai dire elle n’en avait pas vraiment de souvenir. Elle ravala les larmes qui allaient couler quand il la menaça de son poing ensanglanté.

Elle poussa un petit cri de surprise mêlé de douleur quand cette brute de Roscoe la prit violement par le bras et la traina côté passager. Encore une fois il l’humilia en la fouillant pour récupérer les clés du véhicule. Elle se sentait comme une criminelle. Son seul crime avait été de venir dans ce Pub ! Enfin il trouva les clés, il ouvrit la portière et Maureen ne se fit pas priée pour y monter. Quand il démarra en trombe et que la voiture bougea brusquement, Maureen pria pour que ce calvaire s’arrête. Soudain il parla de nouveau, ce qui fit une nouvelle fois sursauter Maureen.

Citation :

- Si je suis si furax envers toi c’est parce que… putain Maureen, tu m’as jeté à la gueule ton verre de vodka. T’oses sous-entendre que j’ai raté ma vie et tu te permets de parler de mon père avec méprit ! Et je ne te parles même pas de la rage que j'éprouve à l'idée de savoir que Jason pourait me planter pour tes beaux yeux ! Si tu cherches les emmerdes Morgan, t’es sur la bonne voie.

Le masque était tombé. Maintenant, Maureen pouvait respirer, elle savait qu’il n’allait pas la planter au milieu de nulle part. Mais certaines de ses affirmations n’avaient aucun rapport avec la réalité. Es-ce qu’elle devait lui répondre, ou bien le laisser conduire... Il commençait tout juste à se calmer, pourquoi risquer de l’énerver. Quand il tourna au carrefour et qu’il s’engagea sur la route qui menait au Ranch, Maureen ne pu retenir ses larmes. Autant pleurer tout de suite et ne pas rentrer en pleurs car si Angel, Danny ou encore Lan la voyait arriver comme ça, elle ne vendrait pas cher de la peau de Roscoe. Et elle n’avait aucune envie que la soirée se termine en bain de sang, déjà bien assez de sang avait coulé....

Citation :

- Tu saignes… dans le cou. T’as du te cogner en tombant au pub. Maureen, quand on sait pas boire, on ne boit pas. On te l'a jamais dis ?

Elle pleurait toujours en silence. Il lui avait parlé mais elle ne savait pas si elle devait lui répondre où garder le silence. Elle resta sans rien dire alors qu’il roulait sur la Grande Route, puis quand elle aperçu le panneau qui indiquait qu’ils n’étaient qu’à un kilomètre du Ranch, elle osa enfin parler.

- C’n’est pas au cou que je saigne, c’est à la tête.

Elle ne prit même pas la peine de répondre au sujet du fait de savoir boire. Elle savait que c’était encore une attaque dont Roscoe avait le secret. Elle hésita, l’alcool c’était dissipé aussi vite que l’ivresse était venue. Elle avait les idées claires. Elle se rappelait de presque tout ce qui c’était passé. Elle devait lui parler, essayer de calmer les choses. Malgré l’humiliation que lui avait fait subir Roscoe, elle avait du mal à lui en vouloir. Surtout qu’il avait enfin avoué qu’il craignait que Maureen lui pique Jason.

- Désolé pour la Vodka... Et désolé pour ton père, je ne sais pas trop ce que j’ai dis mais excuse-moi, je n’aurais pas du en parler... Je pense qu’on à pas encore accepter ce qui a pu arriver à nos parents.

Elle aurait pu s’arrêter là, alors qu’elle voyait le portail du Ranch se profiler un peu plus loin, mais elle continua.

- Je suis partie à New York pour suivre des études de photographie et essayer de faire le deuil de mon frère. Mais j’ai toujours eu l’intention de revenir ici, New Carby c’est ma ville aussi, tout comme toi. J’ai tout mes souvenirs ici. J’ai jamais dis que tu avais raté ta vie, j’ai juste répondu à ce que tu m’as dis, c’est tout. Depuis que je suis arrivée au Pub, tu m’as cherché.... C’est moi qui devrais être furax contre toi....

Elle ne pu continuer de parler, les larmes avait envahi ses joues et elle resta là, interdit, dans sa propre voiture, alors que Roscoe venait de se garer devant le portail.

Roscoe avait arrêté le moteur du 4x4, juste devant le portail du Ranch. De longues minutes s’écoulèrent après que Maureen lui ai parlé ouvertement. Un malaise avait envahi l’habitacle du véhicule, mais personne ne parlait. Quoi dire après tout. Quoi faire aussi. Etrangement Maureen n’avait pas envie de descendre de voiture, elle voulait pouvoir cerner un peu plus Roscoe. Savoir où se cachait le Roscoe joyeux, faussement idiot et excité qu’elle avait connu... Elle avait l’impression qu’il avait besoin d’aide, besoin d’elle, à tord peut-être, mais Maureen était comme ça. Comme le lui avait fait si bien remarquer le serveur quelques instants plus tôt au Pub, c’était son côté sœur Theresa. Alors qu’elle regardait le portail et au loin le Ranch, dont elle distinguait à peine la lumière extérieur qu’elle avait laissé allumé, elle entendu Roscoe murmurer que leurs démons était toujours présents. Et il avait bien raison.

Elle se demandait comme quelques minutes plus tôt il avait pu être aussi violent, et lui témoigner aussi peu de respect, alors que là, dans la nuit fraîche, à l’abri dans le 4x4, il semblait tout doux. Comme si il avait lu dans ses pensées, il essaya de se justifier.

*"Je ne suis pas comme tu le penses. Je ne suis pas un monstre." T’es peut-être pas un monstre Roscoe mais ai au moins la décence de t’excuser. Mais non, tu le feras pas, t’es bien trop fière pour ça. Tu ne sais pas ce que je pense toi Roscoe, si tu le savais....*

Elle jeta un coup d’œil à Roscoe, bref, puis son attention fut attirée par la main ensanglanté qui tenait le volant. Elle avant ça main pour effleurer la sienne, voir si ce n’était pas trop grave, mais il reprit son monologue, comme une sorte de confession. Pour ne pas interrompre ce moment, elle se ravisa, reposa sa main sur sa cuisse et l’écouta :

Citation :

- New Carby est ta ville oui, mais tu peux comprendre qu’elle se sente trahie par toi. Du jour au lendemain, tu as tourné le dos à ces habitants. Sans une explication. Sans rien. Et quand tu reviens, t’apporte avec toi la vermine du monde. Tu sais Maureen, j’aurais adoré moi aussi suivre de grandes études comme toi, de photographie comme toi, mais je ne me fais pas d’illusions. New Carby est ma ville et ici, il n’y a pas de place pour un photographe. J’aime profondément vivre ici. Je suis né ici et je compte y mourir. Est-ce mal ? Est-ce que cela veut dire que j’ai gâché ma vie ? Volontairement j’ai abandonné mes ambitions pour cette ville. Je ne te laisserais pas la détruire avec tes bêtises. Je pense comme Bevin, ta quête foireuse n’a pas de place dans cette ville.

Encore une fois Roscoe avait dénigré tout ce pour quoi Maureen se battait. Elle n’avait aucune envie de redémarrer un débat sur le bien et le mal qu’il y avait à aider les jeunes en difficultés. Elle lui en voulait de dire que la ville se sentait trahi, en parlant de la ville, il ne faisait allusion certainement qu’à lui. Elle savait que certaines personnes à New Carby la soutenaient et trouvait son dévouement courageux et louable. Elle essuya ses larmes d’un revers de la main alors qu’il sortit du 4x4 pour s’allumer une clope. Elle l’observa quelques instants alors qu’à chaque expiration, un nuage de fumé s’échappait de la bouche de Roscoe. Soudain il la regarda et elle sourit quand il lui dit :

Citation :

- Tu devrais rentrer, te soigner et dormir. Je crois que t’en à besoin.

L’espace d’un instant, elle avait cru apercevoir le Roscoe un foufou mais charmeur et subtilement attentionné. L’espace d’un instant, elle oublia ce qui était arrivé ce soir. Elle espérait vraiment que tout ça pourrait s’oublier.

- Ouais, c’est une bonne idée. Toi aussi t’aurais bien besoin qu’on jette un coup d’œil à ta main.

Elle se demanda comment Roscoe allait rentrer chez lui... Il n’avait pas de voiture, il n’allait pas faire la route à pied, elle ne le permettrait pas. Alors elle devait la jouer subtil, il devait déjà se faire soigner, et vu la fierté parfois un peu trop prononcée de Roscoe, elle savait qu’une fois rentrer chez lui, il soignerait ça à la va-vite et il risquerait une infection. L’idée que l’infection pourrait être une bonne chose après tout lui traversa l’esprit, mais s’évapora aussitôt, Maureen n’était pas comme ça. Elle inspira un grand coup et lui lança, toujours assise dans la voiture :

- Quand t’aura fini ta clope, ouvre le portail s’il te plaît. C’est toi qui a les clés et je n’ai pas la force de conduire de toute manière. On va se garer devant la maison, ensuite tu va me laisser te soigner la main. Et n’essaye même pas de dire non, après ce soir, tu me dois au moins ça.




[Si tu veux, tu peux ouvrir un autre sujet dans la partie Maison du Ranch, pour continuer le RP ;-)]