Admission de Roscoe Hills

Le Lac

Maureen n’avait pas quitté Roscoe, jusqu’à ce que le médecin arrive. Elle avait compressé la blessure, jusqu’à en avoir des courbatures dans les bras. A l’arrivée du médecin, on avait demandé à Maureen de se reculer, pour laisser le personnel médical faire son travail. Elle c’était laissé tombé, le long du tronc d’arbre, et avait regardé le médecin et l’infirmière s’afféré autour de Roscoe. Elle avait vu Bevin, Laura et quelques autres personnes, tout autour puis plus rien....Ils étaient tous parti, avec Roscoe, au dispensaire, pour lui prodiguer les meilleurs soins, dans un environnement stérile. Après leur départ, Maureen était restée quelques minutes pétrifiée, tenant toujours dans les mains, le lambeau de chemise qui avait dégorgé sur sa robe blanche. Angel et Lan la retrouvèrent enfin et voulurent la ramener au Ranch, mais elle refusa catégoriquement, elle devait aller voir Roscoe, seule !

Quand elle arriva au dispensaire, une infirmière lui demanda si elle était blessée, elle lui répondit négativement et demanda a avoir des nouvelles de Roscoe Hills. Elle fut conduite en salle d’attente, où Bevin, Laura et d’autres personnes attendait des nouvelles. Vu les regards méprisants qu’on lui jetait, elle comprit que sa place n’était pas ici. Elle resta donc dans le couloir, assise sur une chaise près de la salle d’attente. Soudain, elle entendit des soupirs de soulagements, de l’agitation à côté, elle y retourna pour avoir des nouvelles mais on l’ignora complètement. Elle interpella donc le médecin qui avait pris en charge Roscoe :

- Comment va-t-il docteur ? Je sais que je ne suis pas de la famille, vous n’avez pas le droit de me dire ....

- Ne vous inquiétez pas Mademoiselle, il s’en sortira. Sa blessure au torse est assez conséquente, une vilaine entaille, mais vous avez eu un bon reflexe. Comprimer la plaie, c’était la meilleure chose à faire. Vous avez stoppé l’hémorragie. Il aurait pu perdre beaucoup plus de sang et ça aurait été beaucoup plus grave. Nous allons le garder quelques jours en observations, mais rassurez-vous, tout ira bien.

- Merci !

Maureen se rassis sur la chaise à côté d’elle et se sentit soulagée. Elle attendit presque une heure et se décida à aller voir le blesser. Quand elle arriva devant la chambre, donc la porte était fermée, Laura lui interdit l’accès, quelques instants plus tard, c’est Bevin qui refusa qu’elle entre. Elle ne comprenait pas pourquoi tant d’agressivité. Avec Roscoe, ce n’était pas les grands amours, mais de là à lui interdire l’accès à la chambre, elle trouvait ça un peu gros. Elle voulait le voir, savoir qu’il allait bien, se rassurer avant de rentrer au Ranch. Une des infirmières lui expliqua que Roscoe était sous sédation et que le médecin avait demandé à la famille de ne pas rester longtemps. Elle lui promit, de la prévenir quand tout le monde serait partie. Elle du attendre encore une bonne heure, à l’horloge, il était indiquée 4h. Elle commençait à être fatiguée et ses yeux avaient tendance à se fermer. Puis la gentille infirmière vint la voir et elle l’accompagna jusqu’à la chambre de Roscoe, lui ouvrit la porte et avant de s’en aller lui demanda de ne pas rester trop longtemps.

Maureen resta plantée devant la porte ouverte quelques secondes, hésitant à entrer. Puis elle passa enfin le seuil et entra dans la petite chambre. Des bips raisonnaient, une petite télévision émettait des signaux étranges. Elle remarqua une perfusion à son bras gauche, puis elle fixa son torse. Le pansement au côté gauche, et les quelques ecchymose qu’il avait un peu partout sur le haut du corps. Elle s’approcha tout doucement de lui, hésita à simplement lui effleurer sa main, mais elle remarqua que les siennes étaient pleine de sang, sa robe également. Elle s’orienta vers le petit lavabo au coin de la chambre, se lava les mains et pris plusieurs feuilles de papiers pour s’essuyer les mains et essayer d’enlever le sang qu’elle avait sur sa robe. Elle alla s’asseoir, se frottant les mains avec vigueur, puis tapotait sa robe pour essayer de faire partir tout ce rouge qui avait envahi sa robe blanche....

Elle était assise dans le fauteuil, au chevet de Roscoe, essayant en vain d’enlever tout ce sang, quand elle entendit Roscoe murmurer :

Citation :

- T’as vu… princesse… j’ai… attendu comme tu m'as demandé.

Elle n’osait pas relever la tête, elle se sentait coupable. Oui, il l’avait attendu et il c’était fait attaquer par une bête monstrueuse. Elle sentait les larmes remonter à la surface et du prendre sur elle pour ne pas pleurer. Après avoir respiré un coup, elle le regarda enfin, il semblait si fatigué. Son teint était pâle, ses lèvres naturellement rouge/rosé était d’une pâleur cadavérique. Elle avait comme une sensation étrange, celle de ne pas reconnaître celui qui se trouvait allongé sur ce lit, ce Roscoe là n’avait rien de semblable avec toutes les facettes qu’elle connaissait de lui et elle ne l’aimait pas ce Roscoe silencieux, léthargique.... Mais quand il lui dit qu’il n’avait pas eu la chance de danser avec elle. Elle comprit que le Roscoe qui était allongé sur ce lit n’avait rien d’un étranger. C’était le Roscoe des bons jours, le Roscoe un peu pataud, un peu farceur... Elle le regarda se redresser, aurait voulu l’aider mais ce dit qu’il voulait surement le faire seul. C’était un dur à cuire et elle savait pertinemment qu’il n’aimait pas qu’on l’aide.

Citation :

- Tu devrais rentrer dormir, tu as une mine affreuse.

Quand il lui conseilla de rentrer dormir, elle en avait envie mais elle ne voulait pas le laisser seul, plus le laisser seul. Elle attendrait qu’il se rendorme pour s’en aller, en attendant, elle resterait là. Elle répondit à ce qu’il venait de lancer sur la mine affreuse.

- Merci c’est gentil, t’es pas mal non plus !

Elle essayait de plaisanter mais le cœur n’y était pas, elle se sentait si coupable... un sentiment qu’elle connaissait si bien. Le pseudo sourire qu’elle avait tenté de garder c’était effacer. Elle ne voulait plus sourire, elle voulait s’excuser :

- Je suis désolé d’avoir mis tant de temps à revenir... Si j’étais revenue plus tôt, tu ne te serais jamais fait attaquer par... Par je ne sais pas quoi. J’ai rien vu ! Tu te souviens de ce qui c’est passé ?

Après lui avoir posé la question pour savoir s’il se souvenait de ce qui c’était passé, elle l’observa. Il réfléchissait, visiblement, puis elle vit son visage se munir d’un sourire caractéristique, elle savait que ce qu’il allait sortir n’aurait rien de sérieux et elle eut raison. Tout en humour, Roscoe éludait la question, elle esquissa un sourire, quand il plaisanta sur leur pseudo partie de jambe en l’air. Elle n’aimait pas spécialement lorsqu’il parlait de sexe de la sorte, surtout quand il l’impliquait dans ses délires, mais là, en cette nuit de juillet, elle passa outre. Roscoe était là, vivant et pour ce soir, c’était tout ce qui importait. Elle l’entendit rire et ça lui fit chaud au cœur. Jamais depuis ces deux dernière années, il n’avait rit en sa présence. Ce n’était certes pas un rire bien joyeux, mais au moins, c’était un rire et elle trouva ça vraiment génial. Mais elle n’oubliât pas ce qu’elle lui avait demandé et attendait qu’il lui répondre, quitte à lui redemander. Et comme s’il avait lu dans ses pensées, il la regarda et lui dit :

Citation :

- Ils disent qu’une bête m’a attaqué. Mais je n’en ai aucun souvenir. Si près de la fête… c’est incroyable. Je t’attendais sagement puis, de ce que je me rappelle… je me suis endormis et là…

Maureen était suspendue à ses lèvres, attendant patiemment qu’il continue :

Citation :

- Elle m’a encore attaquée. Cette chose… celle qui m’a étrangler chez toi au Ranch. Elle me chasse souvent. Souvent je fais le même cauchemar depuis la mort de mon père, et cette chose me hante. Mais jamais elle ne m’attaque. Sauf lorsque j’ai dormis chez toi… et ce soir. J’suis maudis.

Il avait décroché son regard du sien dès qu’il avait parlé, ce qui avait étonnée Maureen. Comme s’il avait honte, ou alors qu’il avait peur de quelque chose en lui avouant ce qu’il venait de lui avouer. Elle était un peu abasourdis par ce qu’elle venait d’entendre. Lan lui parlait souvent de légendes indiennes, concernant des cauchemars qui se matérialisait, mais de là, à ce que ce soit vraiment vrai... Puis il conclu dans un murmure :

Citation :

- C’était sûrement mon imagination. Oublies ce que j’ai dis. Et ce n'est pas ta faute. Donc, ne te fais pas du mauvais sang avec ça.

Oublier, ça, elle ne pouvait pas. Elle avait un esprit assez cartésien, et entendre ce genre de chose, la rendait assez septique. Mais quelque chose l’intriguait. Certes les médicaments qu’ils lui avaient injectés pouvaient altérer sa perception des choses, le faire divaguer... Mais elle se souvenait de cette nuit au Ranch et de ce qu’il l’avait réveillé. Ca n’avait pas été Roscoe... Non, elle avait été réveillée par son subconscient... Un rêve.... Elle resta silencieuse, examinant les faits. Puis elle releva enfin la tête, essayant de capter le regard de Roscoe... Essayant de trouver les mots :

- Je ne crois pas .... Je ne suis pas du genre à croire.... Enfin... Les trucs surnaturels et compagnie, ce n’est pas dans ma nature d’y croire. J’ai un esprit assez carré, limite coincée, tu avais raison sur ça au moins ! Lan... Quand j’étais petite, il me racontait tout plein de légende indienne... Des trucs dingues avec des rêves qui prenaient vie .... Je n’y crois pas !

Elle sortit ça d’une façon assez radicale, ce qu’elle regretta tout de suite. Elle essaya de reprendre :

- Je ne crois pas à tout ça... Je ne veux pas y croire.... Mais toi, je te crois !

Elle trouvait son explication un peu pauvre. Un peu absurde aussi. Elle croyait mais elle ne croyait pas... De quoi bien lui chambouler la tête, ainsi qu’à Roscoe. Elle était perdue avec tout ça, fatiguée aussi. Elle regarda sa robe toute tachée et se demanda comment un rêve aurait pu faire autant de dégâts.

Assise sur le fauteuil, au chevet de Roscoe, Maureen n’était pas à l’aise. Ils étaient en train de parler de choses qui dépassaient l’entendement. Son malaise s’intensifia lorsque Roscoe lui décrivit son rêve, et ce qu’il avait ressenti au plus profond de lui. Elle avait l’impression de le ressentir également, à moindre mal bien sûr, mais dans son cœur et surtout dans son estomac, la douleur était presque présente. Elle s’en voulait tellement d’avoir trainé si longtemps avant de venir le rejoindre.
Un silence envahi la chambre. La confusion régnait dans l’esprit de Maureen. Puis Roscoe affirma qu’il ne croyait pas à tout ça, qu’il était rationnel, comme s’il essayait de se rassurer ou bien de montrer à la jeune femme qu’il n’était pas dingue.

Comment réagir, que dire... Maureen ne savait pas quoi faire. Elle essayait tant bien que mal d’avoir une pensée rationnelle, mais c’était peine perdue, surtout avec la fatigue et le stress accumulé au cours de la soirée. Puis Roscoe fit une chose qui la déstabilisa. Il se confia ! Le jeune homme lui ouvrit une porte vers ses souvenirs, elle l’écouta attentivement.

Citation :

- Peu avant que mon père ne meurt, il m’avait offert un dreamcatcher et il m’avait fait promettre de ne jamais m’endormir autre part qu’en dessous de lui. Il disait que c’était pour veiller sur mon sommeil. Durant ces deux dernières années, je n’ai dérogé que deux fois à cette promesse. Le soir au ranch, et cette nuit. Je ne sais pas si cela à quelque chose avoir avec ce dreamcatcher, mais... chaque fois que je dors sans lui… je risque ma peau.

Il lui avoua pour finir qu’il avait peur de mourir, qu’il ne voulait pas mourir. Maureen était touchée, elle se sentait impuissante face à la peur qui tiraillait Roscoe. Elle avait devant elle, quelqu’un de vulnérable, et cela, malgré le fait qu’il se soit confié, l’effrayait un peu. Pour elle, Roscoe était un roc ! Alors le voir comme ça lui faisait vraiment de la peine. Elle se leva brusquement, s’approcha du lit et glissa la main de Roscoe dans la sienne. Elle le regarda avec détermination et lui dit :

- Tu ne mourras pas ! Je serais là... Je serais toujours là pour te réveiller !

Elle serra un peu plus fort la main de Roscoe pour lui prouver qu’elle était sincère, puis elle ajouta :

- Je ne crois peut-être pas à tout ça, mais je crois aux signes, au destin. Ce n’est pas un hasard, si à chaque fois que tu as fais ce terrible cauchemar, j’étais là pour te réveiller. Si tu as envie de dormir cette nuit, ne craint rien, je vais rester là, jusqu’à ce qu’on te ramène ton attrape-rêve !

Elle lui lâcha la main, juste le temps de rapprocher le fauteuil du lit. Elle s’installa au plus près puis lui reprit la main.

- Repose-toi, je ne bouge pas d’ici !

Maureen n’avait pas faillit à ce qu’elle avait dit à Roscoe. Elle resta avec lui, toute la nuit. Elle avait du somnoler par moment, mais quand elle sentait la main de Roscoe la serrer plus fort, elle se réveillait presque instinctivement, prête à le sortir d’un cauchemar. Vers les 6h du matin, une infirmière vint dans la chambre pour prendre les constantes de Roscoe. Elle voulait chasser Maureen, mais elle mentit, afin de ne pas être viré. “Je suis sa fiancé” avait-elle balancé à l’infirmière pour qu’elle la laisse tranquille. Elle espérait que Roscoe n’avait pas entendu ce qu’elle avait dit à la prénommée Julie, nouvelle infirmière au dispensaire. Vers les 8h, elle retrouva l’infirmière qui l’avait aidé à pénétré dans la chambre de Roscoe. Elle demanda s’il était possible de téléphoner à la belle-mère du jeune-homme afin qu’elle apporte quelques affaires. En parlant de quelques affaires, Maureen voulait bien entendu parler du dreamcatcher. Elle laissa une liste à Mary, afin que celle-ci puisse faire la commission par la suite. Avant que l’infirmière ne sorte, elle la remercia pour tout ce qu’elle avait fait pour elle. Même quand Mary était dans la chambre, elle n’avait toujours pas lâchée la main de Roscoe. Et heureusement car peut de temps après, Roscoe se réveilla en sursaut après un cauchemar. Elle posa son autre main de libre sur l’épaule de Roscoe, afin de le rassurer, puis il se rendormi.... A 10h, Bevin entra comme une furie dans la chambre, et chassa Maureen sans une once de remerciement, ni d’élégance du à son standing. Maureen jeta un dernier regard dans la chambre, et quand elle vit Bevin accroché l’attrape-rêve, elle s’en alla.

Le mercredi suivant l’attaque de Roscoe, la jeune femme alla le voir. Elle avait voulu y aller le dimanche, mais les policiers avait trouvé judicieux de la mettre en garde a vu. Elle se demandait comment ils pouvaient penser qu’elle avait pu faire mal à Roscoe. Ok, elle l’avait frappé et il avait porté plainte une fois, mais là... La soupçonner de l’avoir attaquer aussi sauvagement... Elle resta tout le dimanche ay poste, jusqu’à ce que les policiers récupèrent le témoignage de la victime, innocentant Maureen par la même occasion. Elle avait voulu y aller le lundi, mais la charmante Bevin avait interdit l’accès à Maureen. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était aussi vache avec elle, elle avait pourtant aidé Roscoe à ne pas mourir éventré, près du lac. Elle décida de ne pas tenter le diable. Mais ce mercredi-là, alors qu’elle faisait des courses à New Carby, Maureen aperçue Bevin sortir du dispensaire. Elle profita de l’occasion pour aller rendre visite à Roscoe, dans le dos de la méchante belle-mère ! Elle passa le premier sasse de “sécurité”, c'est-à-dire l’accueil sans problème, mais arrivé près du bureau des infirmières, elle se fit repérer, heureusement pour elle la gentille mais pas très futée Julie, qui prenait Maureen pour al fiancé de Roscoe la laissa passer.
Elle allait frapper pour entrer dans la chambre quand Roscoe ouvrit la porte. Il apparu dans l’entré, en robe de chambre, perfusé, une barbe de quelques jours lui mangeant presque le visage. Elle lui sourit, ravie de le revoir moins pâle et debout. Elle fut encore plus contente quand elle l’entendit plaisanter :

Citation :

- Par pitié Maureen, ne me dis surtout pas que tu m’as apporté des chocolats ou des fleurs ! Je vais faire une overdose ! Moi tout ce que je veux, c’est des clopes ! J’en peux plus ! Trois jours que je n’ai pas tiré une taffe… j’vais crevé à ce régime-là ! Pitié Maureen... on me torture ici !

- Alors ? Parraît que c'était chaud entre Bevin et toi ? On se dispute pour savoir qui aura le privilège de me torcher le cul ?

- Toujours aussi charmant et raffiné, bonjour à toi aussi Roscoe ! Ca a l’air d’aller ? Bon, là, tu vas faire demi-tour et retourner te coucher. Je ne t’ai pas sauvé des griffes d’une bête féroce pour que tu ailles risquer ta vie en allant t’enfumer les poumons.

Elle resta plantée devant l’entrée, la main barrant la sortie au malade.

- Si j’avais su que j’allais pouvoir venir aujourd’hui, je t’aurais apporté quelque chose ! J’ai vu Bevin s’en aller, alors j’ai profité que j’étais dans le coin pour te faire un petit coucou ! J’ai pu rentrer en douce ici, Julie, l’infirmière stagiaire m’a laissé passé, elle croit que je suis... Bref ! Je n’ai pas risqué ma vie en entrant ici pour que tu ailles t’intoxiquer, donc retourne te coucher.... Je ne plaisante pas Roscoe. Je suis plus forte que toi là !

Elle le regarda d’un regard malicieux emprunt à la rigolade. Elle resta plantée devant la porte, le bras barrant toujours la sortie à Roscoe.

Ils restèrent plantés l’un devant l’autre, et durant une poignée de secondes, Maureen crut qu’il allait forcer le passage, mais non. Il la regarda d’un air méchant, mais pas si méchant que ça, elle sentait qu’il n’était pas sérieux. Puis il céda, et lui tourna le dos pour retourner dans sa chambre. Elle secoua la tête, un sourire aux lèvres, puis entra à son tour et referma la porte derrière elle. Quand il lui rétorqua qu’il irait fumer dès qu’elle serait partie, cela ne lui fit pas plus d’effet que ça. Elle savait bien qu’elle n’avait aucun poids concernant la cigarette. Il n’écouterait jamais ses conseils. Il blagua sur certaines fleurs qui décoraient sa chambre, sur le fait qu’il aurait pu en fumer. Maureen reconnue la fleur dont il parlait, une fleur avec des sortes de pompons et des feuilles qui ressemblait à des feuilles de cannabis. Fatsia japonica ou Arania du Japon... Elle avait suivi quelques cours de botanique à New York, car selon un de ses profs, des photos de macro et plus spécialement de fleur, devait être un art, une science.... Mais elle se garda bien de lui dire de quoi il s’agissait, ou du moins elle éviterait de faire une leçon de botanique à Roscoe, elle savait que ça ne risquerais pas de l’intéresser, et de plus il pourrait trouver ça prétentieux de la part de Maureen.
Après avoir gambadé, perfusion à ses côtés, Roscoe alla s’asseoir dans son lit. Et alors que Maureen s’installait sur le fauteuil qu’elle avait occupée une bonne partie, la nuit de l’attaque, elle considéra un peu sa tenue : jeans, basket et petit chemisier violet... Ca changeait de sa dernière tenue. Elle leva les yeux et rencontra le regard de Roscoe. Elle se demanda un moment, si le bougre n’avait pas “zyeuté” dans son décolleté au passage. Mais après un bref échange, il demanda :

Citation :

- Alors ? Comment vas la vie en dehors de ce dispensaire ? Au fait merci pour mon attrape-rêve… Bevin ma dit qu’il était sur la liste de ma petite-amie... et comme je n'imagine pas Laura penser à ça...

*Et merde ! * Pensa Maureen, en se cachant le visage avec les mains. Elle écarta un peu les doigts pour observer le convalescent et quand il lui lança un sourire à faire fondre la glace et qu’il lui demanda de l’embrasser, elle avait encore plus honte. Elle enleva ses mains de son visage et regarda Roscoe avec un regard tout boudeur :

- Te moque pas ! L’infirmière, Julie, elle voulait me foutre à la porte, alors il a bien fallu que j’improvise ! Et sur le coup, c’est tout ce que j’ai trouvé !

Soudain, elle prit conscience qu’il avait parlé de Laura, et des flashs lui revinrent en mémoire, comment Roscoe avait traitée cette pauvre fille. Comment, juste avant d’aller la retrouver au tronc, il avait tiré son coup, sur le capot de la voiture... Elle était un peu dégoutée... Soudain toute la joie qu’elle avait éprouvé en revoyant Roscoe, s’effaça pour laisser place à des doutes, des incertitudes, et des tonnes de remontrances à faire à Roscoe. Elle essaya de chasser tout ça de son esprit. Il avait subit un traumatisme énorme, il s’était confié à elle, il était si gentil.... Mais il pouvait être si odieux également... Elle ne savait plus quoi dire, et d’un seul coup, elle demanda :

- Et comment va Laura ?

Elle regretta immédiatement d’avoir demandé des nouvelles de Laura. Cette fille faisait partie intégrante de la facette la plus détestable de Roscoe. Et dès qu’elle l’entendit parler de la jeune femme comme d’un objet sexuelle, elle n’avait qu’une envie : le gifler. D’un autre côté, se mettre dans un état pareil n’avait aucun sens, puisque Laura semblait aimer cette situation et cette relation étrange avec Roscoe. Même si Maureen émettait quelques réserves sur l’état d’esprit de la jeune femme. Pour elle, une femme s’adonnant à ce genre de pratique ne pouvait pas être heureuse.

Elle avait baissé les yeux dès qu’elle avait demandé des nouvelles de Laura et elle l’écoutait parler, plaisanter, se gausser... Comme si de rien n’était.

Quand elle entendit lui demander si elle aimerait prendre sa place, Maureen pensa très fort :

* Jamais de la vie ! Pour être traitée comme un morceau de viande, une moins que rien, non merci. Jamais tu ne me toucherais et me jetterais à ta guise ! Jamais !*

Elle était furax. Sa réaction était exagérée, elle le savait bien, mais elle n’arrivait pas à se contrôler. Quand il lui tendit ses lèvres, fermant les yeux, Maureen l’observa. Elle l’avait toujours trouvé attirant, même quand ils n’étaient que des ados, mais depuis son retour, elle le trouvait encore plus attirant. Elle aimait ses yeux surtout, ses yeux à la couleur si magique ; mais également sa bouche, ses lèvres ... Elle se leva ... et alla regarder les fleurs un peu plus loin dans la chambre. Elle se focalisa sur une orchidée, sa fleur préférée, elle l’observa, la senti et caressa ses pétales, elle trouvait cette fleur magnifique.
Elle resta de dos et commença à parler :

- Je ne connais pas spécialement Laura, mais je pense qu’elle a du avoir la trouille en te voyant dans cet état. Même si tu la prends pour une trainée, ce n’est pas pour ça qu’elle n’a pas de sentiments. C’est une personne avant tout. A sa place j’aurais vraiment été terrifiée à l’idée de perdre mon copain.... Vu comment tu la traites, non je n’aimerais pas être à sa place...

Elle avait dit tout cela de façon très calme, posée. Sans agressivité. Elle se sentait déjà mieux, elle avait relâchée la pression en lui disant ce qu’elle pensait. Elle voulait parler au Roscoe respectueux, gentil et sincère... Elle se retourna et vit l’attrape-rêve. Elle était adossée à la petite table, là où se trouvait une multitude de bouquets, chocolats et autres cartes de prompt rétablissement. Elle le désigna du doigt :

- Je doute que tu dormes bien avec ta blessure, mais ... ça va mieux depuis qu’il est là, tu as fais de nouveaux cauchemars ?

Elle pensait que Roscoe allait lui parler de ses rêves, mais non, il revint sur ce qu’avait dit Maureen. Selon lui, Laura aimait être traitée de la sorte, ce dont Maureen doutait fort. Il ajouta également qu’elle n’arrivait pas à la cheville de fille dans son genre... mais de quel genre voulait-il parler ? Elle était troublée, est-ce qu’il aurait pu glisser dans cette phrase énigmatique, un semblant de compliment ? Il conclu en lui disant qu’il pouvait être romantique. Romantique... elle avait du mal à le croire, surtout après l’éloge qu’il venait de faire concernant Laura...
Puis il se mit à fixer le dreamcatcher qui pendait près de son lit et quand il ancra ses beaux yeux verts dans ceux de Maureen, elle se dit qu’il avait peut-être la capacité d’être romantique, finalement. Il lui expliqua qu’il n’avait pas fait de cauchemars aussi violent qu’au Ranch ou bine au bord du Lac, ce qui la rassura.
Puis il ajouta avec un grand sourire :

Citation :

- Comme tu vois, princesse, je vais bien. Je n’ai pas trop d’explication à tout ceci et je ne suis pas certain de vouloir en avoir mais si mon père m’a fait promettre de ne jamais dormir sans ce truc, alors je vais me tenir à cette promesse jusqu’à la fin de ma vie. Il y a pire comme châtiment.

Elle, elle en avait des explications. Tout ceci, malgré le fait que ce soit un peu trop surnaturel à son goût, elle avait fait des recherches sur le net, et avait également subtilement interrogé Lan à propos des rêves, des attrapes-rêves... Mais il ne voulait pas en savoir plus... Il s’étira sur son lit, avec un grand sourire, et Maureen su à cet instant qu’il allait dire quelque chose de tout sauf sérieux.

Citation :

- Je commence à avoir soif, et même un peu faim… pas fumer ça creuse. Je ne suis pas certain d’avoir la force d’aller me chercher à boire et à manger. Tu ne veux pas me dorloter un peu, princesse ? Être mon infirmière sexy et… cochonne ?

Elle lui lança avec un petit sourire:
- Pour le romantisme, tu repasseras ! Pour le côté infirmière sexy, j’ai déjà donné près du lac, ça m’a tout salopé ma belle robe ! Je n’étais surement pas sexy, mais dans le rôle de l’infirmière je pense avoir assuré ! T’as faim ? T’as soif ? T’as qu’à te lever ! T’avais assez de force tout à l’heure pour essayer de t’enfuir pour aller fumer une clope !

Elle haussa les sourcils, comme pour lui faire comprendre qu’elle ne céderait pas à sa demande, avec une certaine forme de défi. Elle aimait bien le Roscoe farceur, même si son humour en dessous de la ceinture, lui irritait les oreilles. Elle regarda sa montre, déjà 16h, elle devait rentrer au Ranch. Elle était un peu déçue que le temps aille passer si vite.

- Je vais devoir y aller, on m’attend au Ranch. J’ai entendu ce que tu m’as dis... que tu n’étais pas certain de vouloir des explications sur tes rêves... Mais si t’as besoin d’aide pour en savoir plus, je peux t’aider !

Elle n’osa pas lui avouer tout le travail d’investigation qu’elle avait fait afin de récolter des informations pouvant aider Roscoe à se défaire de ce rêve dangereux. Elle avait peur qu’il trouve ça trop invasif, qu’elle viole son intimité, qu’elle s’occupe de chose qui ne la regardait pas.... Elle attendit de savoir ce qu’il pensait de tout ça....

Elle avait eu envie de rire en voyant la réaction de Roscoe quand elle avait refusé de lui apporter quoi que ce soit. Un gamin, un vrai gosse, elle aimait bien ce côté enfantin chez Roscoe. Mais ce qu’elle aimait encore plus, c’était ces yeux, toujours aussi envoutant. Il la regarda et un petit rictus naquit au coin de ses lèvres quand elle lui proposa son aide. Ce qui la rassura, il n’avait pas pris ça mal. Maintenant, elle n’attendait qu’une chose, qu’il accepte sa proposition.... Maureen était curieuse, et avec l’aide de Roscoe et de ses cauchemars, elle pourrait en savoir plus, essayer de percer le mystère... Mais il refusa, poliment. Il avança des arguments qui touchèrent Maureen, comme quoi il n’avait pas envie qu’elle en souffre. Mais ce que Roscoe ignorait, c’était que pour aider quelqu’un, quelqu’un qui en vaille la peine, Maureen était prête à tout, même à prendre quelques risques... Elle avait aidé Mina et avait failli se faire poignardée dans la rue. Elle avait aidé une de ses amies à New York et avait faillit être arrêtée... Maureen était quelqu’un de responsable, mais quand le contexte s’y prêtait, elle pouvait jouer avec le feu.... Et ça, personne à part, les personnes qu’elle avait aidé, ne le savait.

Citation :

- Sérieusement Maureen, oublions tout ceci, ok ?

Elle aurait bien voulu oublié tout ça, mais son esprit bouillonnait de questions.... Elle aurait pu lui répondre ok et passer outre pour faire ses recherches, mais elle n’était pas comme ça. Elle ne voulait pas mentir. Pas à lui. Ce qui la déstabilisa quelque peu. Pourquoi ce besoin d’être sincère avec lui.... Peut-être parce qu’il avait été franc avec elle. Elle prit conscience que depuis leur premier affrontement au Pub, beaucoup de choses c’était passé, beaucoup de choses avait été dite, bonne et surtout mauvaises, beaucoup de choses avait été révélée... Mais ce que Maureen retenait, là, maintenant, c’était qu’elle était dans cette chambre avec une personne un peu vulgaire et gauche, mais une personne qui méritait qu’on fasse attention à elle. Qu’on soit là pour elle.... Il se leva et se plaça juste devant Maureen en lui disant :

Citation :

- On se voit bientôt ? Je sors demain si tout va bien.

“On se voit bientôt”, es-ce qu’elle aurait pu imaginer un jour que Roscoe allait lui dire ça, est-ce que Roscoe se rendait compte de ce qu’il était en train de dire. D’ennemis, ils avaient franchit un cap... Amitié, peut-être pas.... Posté devant elle, elle ne savait comment réagir. Lui faire la bise... Ca lui paraissait presque surréaliste de faire ça. Mais après tout ce qu’ils avaient vécus tout les deux.... Etait-ce trop intime, trop étrange ? Maureen et ses questions... Aucune impulsivité, toujours à réfléchir avant d’agir... Elle resta plantée là, ne sachant pas quoi faire. Elle ne voulait pas paraitre trop idiote à rester plantée devant lui, attendant quelque chose, un signe qu’elle aurait pu lui faire la bise.... Elle regarda sa montre et préféra parler :

- Demain... C’est rapide je trouve... Enfin je suppose que pour toi, c’est tout l’inverse ! Je serais bien venue te rendre une petite visite chez toi, mais je ne pense pas que Bevin serait contente de me voir.... Alors... A bientôt ! On se croisera bien quelque part....

Elle resta encore plantée devant Roscoe, quelques secondes, attendant quelque chose, une petite marque de symathie... Puis elle se dirigea vers la sortie....

Pour un signe, elle eut un signe, une franche tape sur l’épaule ! Pour elle c’était peu cher payé. Elle avait quand même plaquée ses mains sur son torse baigné de sang. Elle était déçue. Une bise aurait été la bienvenue. Elle chassa très vite cette déception de son esprit, c’était Roscoe après tout, il faisait rien comme tout le monde, lui. Il ajouta que Bevin était remonté contre elle, ce qui était dingue, selon Maureen ! Elle se demandait pourquoi elle lui en voulait cette femme. Puis Roscoe passa à côté de Maureen et se posta à l’entrée, puis il lança :

Citation :

- Si je rentre demain, c’est parce qu’il n’y a pas trop de complication et surtout parce qu’ici je m’emmerde. Je serais soigné à domicile, là au moins je pourrais fumer, boire et m’empiffrer à volonté… voir même me branler ! Et y a ma Playstation, mes livres pornos et ma télé. Le pied quoi !

A ce moment précis, Maureen fut contente qu’il ne lui ait pas fait la bise après tout, pas avec une bouche qui avait dit de genre de choses ! Elle n’était pas prude, loin de là, mais elle trouvait que certaines choses devaient être évitées devant certaines personnes. Comme parler de petits jeux solitaires devant une femme. Elle le regarda, exaspérée, puis il ouvrit la porte avec un grand sourire :

Citation :

- Bon eh bien… merci d’être passé prendre de mes nouvelles. Je ne m’attendais pas à ça de ta part mais ça fait plaisir. Tu vois, bientôt tu t’excuseras pour le coup que tu m’as donné dans ta cuisine.

Il avait dis ça avec le sourire, mais Maureen ne l’avait pas du tout bien pris. C’était Roscoe, elle savait comment il était, mais là, elle saturait pour aujourd’hui. Elle avait quand même mis ses mains dans son sang, elle avait été en garde à vue... Bon ça il ne le savait pas mais quand même, elle avait du supporter pas mal de choses et tout ce qu’il trouvait à dire, c’était ça !

- Un simple merci m’aurait suffit ! Elle hésita puis elle reprit, dans le couloir Tu ne me connais pas Roscoe... Y’a beaucoup de choses que tu ignores sur moi...

Elle allait prendre le chemin de la sortie du dispensaire quand la jeune et peu futée Julie, infirmière, arriva pour les soins quotidiens.

- Bah alors c’est quoi cette querelle d’amoureux ! Allez un petit bisou et ça repars ! Vous le récupérer demain votre amoureux.