Le coup de la panne!

Les allées retour New Carby- Le Ranch ; le Ranch-New Carby, n’était pas ce qui plaisait le plus à Maureen, mais elle ne s’en plaignait pas. Y’avais pire comme boulot. Quoi que son boulot lui donnait pas mal de soucis depuis l’arriver du deuxième groupe de jeunes. Ils étaient maintenant une vingtaine au Ranch, et cela donnait droit à de magnifiques chamailleries entre les occupants du Ranch. Heureusement pour elle, Danny arrivait à garder le cap avec les plus téméraires. Deux trois jeunes n’étaient vraiment pas facile, deux bagarres avaient éclatés au Ranch, et deux trois fois, Maureen avait été prise entre deux feux. Elle avait faillit se recevoir une droite, puis lors d’une autre dispute avait faillit tomber dans les escaliers en essayant de séparer deux furies. Mais là, elle n’avait pas pu esquiver le poing d’un des jeunes, qui lui atterrit dans l’œil gauche.

Affublé de ses lunettes de soleil qui lui mangeait presque le visage, elle avait réussi à cacher son œil qui avait viré au marron/bleuté dans la nuit. Elle avait été postée du courrier à New Carby, avait fait quelques emplettes pour le Ranch, avait également été à la bibliothèque municipale pour prendre deux trois livres sur les rêves et les légendes indiennes , pour finir par un petit tour au dispensaire, pour faire contrôler d’une part son ancienne blessure à la tête et d’autre part, et également son œil. Elle avait revue Julie, la jeune infirmière, et quand elle l’avait vu dans cet état, elle avait tout de suite pensée à une dispute de couple. Maureen tenait sa revanche sur les propos que Roscoe avait hurlés dans le couloir la dernière fois qu’elle était venue. Elle laissa planer le doute sur ce que supposait la jeune infirmière, elle ne démenti rien, mais n’affirma rien non plus.

C’est avec le sourire, qu’elle avait repris sa voiture, contente de pouvoir faire un sal coup à Roscoe, même si dans l’histoire, il n’en saurait pas vraiment grand chose. Sauf quand il irait faire une visite de contrôle. Elle venait de quitter New Carby, au volant de son break noir un peu défraichi, quand le véhicule commença à brouter.... Avant de s’arrêter net !

- Oh non, ne me fait pas ça ! Pas maintenant, pas là ! Au milieu de nulle part !

Elle regarda autour d’elle, elle apercevait la ville au loin, derrière elle, puis elle tourna la tête sur la droite et se demanda si elle avait fait quelque chose de mal pour que le destin, Dieu ou n’importe qui d’autre la punisse de la sorte. A 200mètres, se trouvait la maison des Hills. Elle resta dans sa voiture à réfléchir à ce qu’elle pouvait faire. Elle prit son portable pour appeler Lan pour qu’il vienne la chercher mais elle ne captait pas.

- Mais ce n’est pas possible, saleté de téléphone !

Elle le balança sur le siège passager. Celui-ci atterrit sur les bouquins qu’elle avait empruntés à la bibliothèque. Et elle essaya de redémarrer, en vain. Elle fit plusieurs tentatives et à bout de nerfs et de patience, elle commença à taper sur le volant, faisant retentir par la même occasion le klaxon. Elle sortie de la voiture, vêtue d’un pantalon de tailleur large et d’une chemise en soie, cintrée, pourpre. Ses hauts talons s’enfonçaient dans le sable du bas-côté et elle foutu un coup dans une de ses roues, de rage, manquant au massage de se casser le pied en même temps qu’une chaussure. Elle regarda encore une fois autour d’elle, essayant de calculer les distances :

*Soit tu retournes à New Carby et un dépanneur vient chercher la voiture.... Ce qui va te couter bonbon ! Ou alors tu retournes au Ranch, tu ruines tes chaussures, mais au moins, si la voiture n’a presque rien, il n’y aura pas à payer le mécano ! T’es à quoi 2, 3 kilomètres du Ranch... Ce n’est pas si loin !*

Elle ouvrit sa porte du côté passager, repris son portable, son sac, et enleva son beau chemisier de soie, se retrouvant en débardeur blanc. Elle réfléchi une dernière fois, espérant trouver une autre solution que de marcher en pleine chaleur, risquant l’insolation, pour économiser quelques dollars !

Au loin des aboiements se faisait entendre, elle n’y prêtait pas attention, bien trop en pétard pour faire attention à quoi que ce soit. Elle ne remarqua même pas que quelqu’un venait à sa rencontre. Puis machinalement, alors qu’elle essayait de fermer la portière de sa voiture, elle remarqua que le silence était revenu. Elle se retourna et elle vit Roscoe, s’approcher, un grand sourire aux lèvres. Elle était tiraillée entre deux sentiments : la joie de le revoir après ces quelques jours sans nouvelles, et la rancœur concernant cette dernière blague idiote lors de sa visite au dispensaire. Il la salua, visiblement content de la voir, pensant qu’elle venait lui rendre visite alors qu’il n’en était pas question. Il prit appuis sur la barrière, toujours un large sourire irradiant son visage. Elle remarqua au coin de sa bouche, de la sauce, mayonnaise ou autre, ce qui la fit sourire. Non pas qu’elle se soit attarder sur ses lèvres, non... Enfin si peut-être un peu ! Elle jeta un rapide coup d’œil à son bandage qui lui couvrait la moitié du torse et elle comprit qu’il devait être en plein repas, au beau milieu de l’après-midi. Il reprit la parole :

Citation :

- Tu ne m’as pas apporté de petits gâteaux ? Même pas une délicieuse tarte aux pommes ? Les bonnes manières se perdent on dirait !

Ces petites vannes, ces petites réflexions, même si certaines avaient le don de l’agacer au plus haut point, lui avait manqué depuis quelques jours. Elle s’en rendit compte en l’entendant parler. Mais elle ne voulait pas s’attarder. Elle avait des courses dans le coffre, on l’attendait au Ranch, où un conseil avait été organisé pour savoir si le jeune homme qui lui avait foutu un coup de poing devait être viré ou non. Pour Maureen, ce coup de poing ne lui était pas destiné, elle l’avait reçu par mégarde... Mais pour l’équipe du Ranch, qui ne comprenait pas comment Maureen pouvait laisser passer ce genre de choses, ce coup de poing méritait un renvoi !

Elle vérifia que ses lunettes étaient bien mises, puis commença à parler :

- Je suis en panne ! La voiture vient de me lâcher comme ça, d’un coup ! Es-ce que je pourrais téléphoner ? Mon portable est naze lui aussi!

Elle sentit qu’elle avait été un peu directe, un peu froide, alors elle reprit un peu plus chaleureusement:

- Je ne suis pas venue te voir, mais je crois que le destin s’acharne à croiser nos routes. Bevin est dans le coin ? Je serais bien passé sinon, mais comme je sais qu’elle est souvent ici, je n’allais pas tenter le diable, je me serais attirée les foudres de ta belle-mère et je n’ai pas besoin de ça en ce moment.

Machinalement, elle toucha de nouveaux ses lunettes. Ne rien montrer, toujours dissimuler, un trait de caractère que Maureen maitrisait à la perfection. Enfin sauf quand Roscoe était dans le coin ! Il avait le don de faire ressortir chez elle ses émotions, même celles qu’elle tentait de cacher.

Derrière ses lunettes noires, elle remarquait tout, et elle avait bien vu que le jeune homme dirigerait son regard plus bas que les yeux de la jeune femme, ce qui la fit sourire mais qui la gêna un peu. Elle fut soulager d’apprendre que la charmante belle-mère de Roscoe avait déserté les lieux. Quand il commença à tourner autour de la voiture, cela irrita un peu la jeune femme, en plus il laissait courir ses mains sur la carrosserie : il allait la rayer ! Ce n’était pas rationnel, encore une fois, à chaque fois que Roscoe était dans le coin, rien de ce qu’elle pouvait ressentir n’avait de sens. Et ce simple fait de toucher sa voiture, la caresser presque, cela la rendait... bizarre ! En faites, ce geste avait une forte connotation sensuel, voila pourquoi elle était bizarre.... Et puis c’était sa voiture, c’était presque comme si il la touchait elle ! Elle était tellement obnubilée par les gestes du jeune homme qu’elle sursauta quand il lui proposa de jeter un coup d’œil. Elle ne fut pas très contente qu’il qualifie sa voiture de tas de boue, mais elle ne releva même pas cette réflexion. Sans qu’elle ai eu le temps de dire quoi que ce soit, il ouvrit le capot et commença à trifouiller.... Elle était un peu inquiète, puis il demanda :

Citation :

- Qu’est-ce que tu entends par : « pas besoin de ça en ce moment » ? Y a de l’orage dans l’air en ville ? Ca fait plusieurs jours que je suis coupé du monde. Quoi de neuf là-bas ?

Une fois qu’il fut hors de vue, elle ouvrit sa portière et remis en toute hâte son chemisier pourpre, puis elle lui répondit, tout en admirant le spectacle d’un petit fessier moulé dans un short. Elle voulait lui répondre qu’il y avait eu des petites frictions au Ranch, mais à quoi bon le lui dire, il lui ferait al leçon encore une fois et dénigrerais surement son travail, encore. Elle omit de parler des incidents du Ranch.


- Oh rien de spécial. Les journées sont fatigantes au Ranch c’est tout, et j’en ai un peu marre de tout ses allez-retours en ville ! Et cette voiture qui vient de me faire le coup de la panne !

Elle repositionna ses lunettes sur son nez, et entendit des aboiements, cette fois, elle les entendit bien, elle tourna la tête et vit deux bergers allemands. Un frisson la parcourus. Elle n’aimait pas ces chiens ! Elle aimait les animaux en général, mais ces chiens, non ! Traumatisée par son enfance par un berger allemand qui lui avait chiqué la cuisse, elle avait toujours eut peur de ces chiens. Elle alla refermer la barrière, de peur qu’il ne vienne jusque là.

- Heu.... Tu trouves quelque chose ?

Demanda-t-elle, en se tournant de temps à autre pour voir s’ils n’arrivaient pas en courant, pour la bouffer.

Les chiens dans leur enclos, aboyaient de plus en plus fort, ce qui fit stresser Maureen. Elle n’aimait pas ce genre de chiens, cette race en particulier. Un souvenir mémorable et effrayant lui revint en mémoire, le jour où le berger allemand du voisin lui avait sauté dessus tout ça parce qu’elle avait voulu aller chercher le ballon qui avait atterrit dans le jardin du voisin. Et encore, ce souvenir n’était pas des plus terrifiants ! Une morsure à la cuisse par un berger allemand d’un chasseur de coyote... Elle avait été soignée par le père de Roscoe, il avait réussi à lui recoudre la cuisse sans faire de grosses cicatrices, mais elle en gardait toujours des marques... et parfois même des cauchemars.... Entendre ses chiens aboyés au loin lui faisait peur ! Elle n’y pouvait rien. Elle essaya de se concentrer sur Roscoe et sur sa voiture. Elle sourit quand il laissa une trace de cambouis sur son nez alors qu’il questionnait Maureen sur le bienfondé de la panne. Cela fit encore plus sourire Maureen quand il supposa qu’elle avait trouvé cette excuse bidon pour venir le voir. Elle trouvait ça marrant, car elle avait trouvé cette panne tellement absurde qu’elle avait tout de suite pensé que Roscoe réagirait dans ce sens : comme si elle avait besoin d’excuse pour le voir ! Mais elle ne niait pas que cette panne somme toute étrange, pouvait avoir quelque chose avec le destin... et le fait qu’il prenait un malin plaisir à les réunir.

Elle regarda une nouvelle fois vers les aboiements au loin, inquiète. Puis sursauta et retourna son attention vers Roscoe quand il fit claquer le capot de sa voiture. Il s’avança vers elle avec son regard charmeur à faire tomber plus d’une fille. Elle voyait bien que Roscoe s’en amusait, et l’espace d’un instant elle regretta que ce ne soit que de l’amusement pour lui. Encore une fois elle se retourna vers les chiens et Roscoe la rassura, lui disant que l’enclos était solide, qu’elle n’avait rien à craindre.

Quelques secondes plus tard, elle fut surprise par l’arrivée fracassante des deux chiens, qui sautèrent à la barrière, pour dire bonjour surement, mais Maureen ne le comprit pas comme ça. Surprise et terrifiée par les deux bêtes, elle poussa un cri, attrapa le bras droit de Roscoe et se cacha derrière lui. Ils étaient deux, deux chiens féroce, comme elle toute seule. Pétrifiée, des flashs de l’attaque qu’elle avait subit quelques années plus tôt lui revinrent en mémoire. Elle en avait presque les larmes aux yeux, se souvenant de la douleur qu’elle avait éprouvée. Elle serra un peu plus le bras de Roscoe, totalement paniquée.

- Je t’en supplie Roscoe, fait quelque chose ! Ils vont me chiquer, ils sentent que j’ai peur ! Roscoe s’il te plait.

Elle ne lâchait toujours pas le bras du jeune homme, se cachant derrière son épaule nue. Puis d’un seul coup, elle reprit ses esprits. Son cerveau imprimait dans son champ de vision la barrière qui empêchait les deux chiens de passer. Elle considéra sa position, Roscoe devant elle, et elle accrochée à lui, son corps presque collée au dos nu de Roscoe. Mais elle n’arrivait pas à réagir encore, elle n’arrivait pas à se détacher de lui. Elle le devait pourtant, cette situation était si étrange! Mais quelque chose la retenait. La peur sans aucun doute... Ou bien quelque chose d’autre....

Quand Roscoe commença à bouger, et s’éloigna de son emprise, elle se sentit ridicule. Elle avait réagit de manière si inattendue, sans retenue. Encore une fois, quand Roscoe était dans les parages, elle avait toujours des réactions étranges. Encore une fois, elle avait livré une image pas très glorieuse d’elle-même. Avoir peur de chiens, c’était si... Elle était en train de réfléchir à la situation, quand elle entendit Roscoe ramener ses chiens à l’ordre, ce qui la fit sursauter.

Il tenta de plaisanter, faisant retomber un peu l’angoisse de Maureen concernant les deux bergers allemands de l’autre côté de la barrière. L’humour à la Roscoe, toujours en dessous de la ceinture, et pas vraiment drôle, pour Maureen, mais elle s’en fichait royalement cette fois-ci. Elle ne portait son attention que sur ses chiens. Ils avaient l’air gentil, et puis la façon dont Roscoe le disait, elle voulait bien le croire. Mais cette peur était bien ancrée en elle, et de simples paroles n’arriveraient pas à la faire avancer.
Soudain, Roscoe fit un geste qui la surprit. Il lui tendit la main pour qu’elle approche. Ce geste banale pour la plupart des gens, n’était pas du genre de Roscoe, en tout cas, pas du Roscoe macho, imbue de lui-même qu’elle connaissait. Elle était presque contente de retrouver le Roscoe un peu plus gentil et ouvert... Enfin dans la mesure où il voulait qu’elle approche des bêtes féroces, elle avait une certaine appréhension. Et il lui demande de lui faire confiance. Question qui n’avait à voir qu’avec la situation du moment, mais Maureen se repassa les quelques semaines depuis que Roscoe et elle avait reprit contact. Cela avait été tellement houleux, il était tellement changeant.... Toujours à se torturer l’esprit, sans une once de spontanéité. Elle fut ramenée à la réalité par Roscoe qui lui lança :

Citation :

- Allez, fais pas ta gamine. Je t’ai connue plus courageuse, Morgan.

Il avait le chic pour la mettre hors d’elle. Et cette réflexion eut pour effet de la booster, ou du moins de lui donner une pointe de courage. Elle passa ses mains sur son chemisier de soie, comme pour le lisser, pour se donner une contenance. Elle vérifia encore une fois que ses lunettes étaient bien mise pour qu’il ne voit pas son cocard, puis elle avança, tout doucement, le cœur s’accélérant à mesure qu’elle arrivait à la barrière.

- Je ne suis pas une gamine !

Elle lança cette phrase avec une mine boudeuse, et là, elle ressemblait vraiment à une gamine. Elle fit un autre pas, les chiens se redressèrent, ce qui l’arrêta net. Toute cette mise en scène n’avait rien de rationnel. Roscoe était là de toute façon pour maitriser ses chiens. Elle se motiva intérieurement et arriva enfin au niveau de la barrière, les chiens attendant vraisemblablement qu’elle les caresse.

- Votre maitre peut toujours rêver pour me voir nu ! Et y’a aucune chance pour que je passe à la casserole, comme tu dis, ajouta-t-elle en regardant Roscoe.

Avec ce mouvement de tête, elle perdit une seconde l’attention qu’elle portait sur les chiens et l’un deux en profita pour se poser contre la barrière et lui lécha la figure, manquant au passage de lui faire tomber ses lunettes qu’elle remit vite fait. Elle porta la main devant elle pour se protéger et le deuxième chien la lui lécha. Tout d’un coup, son stress baissa d’un cran. Elle s’essuya la joue d’un revers de main, enlevant par la même occasion son maquillage camouflage. Elle était bien trop occupée à caresser les deux bêtes pour penser à son maquillage et à la marque qui lui descendait sous la lunette, presque au milieu de la joue gauche. Il fallait vraiment faire attention pour remarquer la trace violacée qui débordait de dessous son verre solaire.

Après quelques caresses, les chiens se firent plus doux, moins excités et ils retournèrent gambader un peu plus loin. Elle en profita pour parler à Roscoe, essayer de dédramatiser la situation, qui pour elle, était des plus humiliante.

- Désolé pour ça.... J’ai été méchamment mordu, plus jeune, et depuis ces chiens me font peur. Dit-elle en se massant machinalement la cuisse droite, là où cette rencontre avait laissé des traces. T’as raison, c’est vraiment une réaction de gamine. Mais merci pur m’avoir raisonné. Et désolé si je t’ai bousculé quand je me suis cachée derrière toi ! Je n’ai pas été très douce, je t’ai pas fais mal ?

Elle regarda le pansement qui recouvrait la moitié du torse de Roscoe, puis elle reprit :


- Es-ce que je pourrais passer un coup de fil. Mon portable ne capte pas ! Lan ou Angel va venir me chercher et ils vont remorquer la voiture. Je peux ?

Demanda-t-elle, en posant une main sur la barrière, ce qui attira l’attention des chiens, qui arrivèrent à fond de train. Après avoir ressenti un frisson d’effroi lui parcourir le dos, elle se ressaisi et caressa la tête des deux toutous, qui dépassaient de la barrière.